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Exposition, La Maison des Quais, Île d'Yeu, 19 Août - 1 Septembre 2019

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­Sonder les ciels

Ce sont des ciels vus depuis la terre, vus depuis les Hommes, vus depuis la solitude de l’artiste qui se dresse, romantique, devant l’immense nature.

Ces ciels qui exaspèrent la palette du coloriste, comment en peindre la couleur changeante? Comment rendre visible l’infini nuancier de ce monde nous surplombant?

Réduire la palette et faire danser les jaunes, les bleus et les rouges comme les maîtres impressionnistes? Ou se laisser emporter dans un délire synesthésique où chaque couleur est une note, où chaque note est un nuage?

Ou bien, tenter de pénétrer dans la matière du ciel pour en débusquer la couleur évanescente, l’invisible coloré, à l’instar des Classiques en quête du « coloris-humeur »?

Dans les œuvres du peintre Frédéric Choisel, on saisit par la vue les humeurs d’un ciel d’essence intangible : ocre, orange, vert de vessie, violine, terre d’ombre et noir bilieux. Les nuages dans leurs nimbes épiphaniques parlent en qualité d’oracle. Leurs messages sont de bon ou de mauvais augure selon que le ciel est dégagé ou menaçant.

Lorsque le ciel se charge, il s’apparente aux visions apocalyptiques de temps antérieurs ou à venir. Partout, une nudité aride, des étendues sombres qui avancent vers un horizon d’où ne point aucune Jérusalem. Une carcasse goudronnée affleure d’une eau saumâtre en dernier reliquat de la vie humaine.

Cette « inquiétance » qui vibre dans plusieurs des toiles de l’artiste traduit la crainte d’un dieu ou d’une nature qui a le pouvoir de tout anéantir, nous laissant ainsi devant le spectacle halluciné d’un ciel mauve.

Il y a également des toiles qui frappent par leurs tout autres esthétiques. Le peintre qui oscille entre l’art figuratif et l’art abstrait, concilie les formes à l’aide de différentes techniques : au pinceau et à la peinture à l’huile pour les ciels, au couteau et au goudron pour les formes terrestres. Le geste abstrait vient entacher la toile, dompter les nuages de ses multiples assauts, couvrir de fange et de ronces la pureté du ciel. Ces opérations mutilent et hybrident les œuvres qui de facto, s’inscrivent dans le champ discursif et réflexif de la peinture contemporaine.

Enfin ce que l’on perçoit, c’est bien que, derrière l’entreprise de peindre des ciels se cache une initiation au mystère, une conquête ou une reconquête du geste de peindre, un désir de sonder les ciels pour mieux appréhender la vie sur terre.

Victoria Konetzki

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